Depuis fin 2012, Google a mis en place des mesures de respect de la vie privée des internautes concernant les mots et phrases cherchées dans son moteur de recherche. Concrètement, Google passe progressivement sa recherche en mode sécurisé (SSL/HTTPS) et ne communique plus le mot-clé cherché sur son moteur via l’information de referrer: on sait toujours que la source est Google et qu’il s’agit d’une recherche naturelle, mais le mot-clé est remplacé par « (not provided) » – non fourni.
L’impact pour les services marketing et les agences de référencement naturel semble énorme. Des modèles économiques entiers d’optimisation pourraient s’écrouler.
Ou pas?
Il n’y a pas de solution magique à ce problème « (not provided) » et il faut faire son deuil des mots-clé Google. Plusieurs solutions existent pour contourner en partie le problème et ça tombe bien, on en parle dans le prochain article 😉
Mais revenons aux bases (un peu de philo Google)
A l’origine de cette mesure visant à progressivement éliminer les informations de mot-clé, on trouve 2 principaux facteurs déclenchants :
- L’intérêt grandissant que portaient les gouvernements US et Européens aux données stockées par Google,
- L’utilisation qui pouvait être faite de ces données « personnelles » par des sites tiers, et notamment les sites vers lesquels Google fait un lien dans les SERPs ou pages de résultats de recherche.
Dans les deux cas, Google a joué la carte du respect de la vie privée pour couper l’herbe sous le pied des législateurs – et des avocats!
On peut également tomber dans la « Google parano » et se dire que Google avance ses pions pour :
- favoriser le référencement payant avec Adwords, avec une visiblité par mot-clé et par groupe d’annonces – et une visibilité sur le ROI dans… Google Analytics 😉
- faire en sorte que les agences SEO et autres optimisations de contenu arrêtent à faire leur beurre sur le dos de Google
Poussons le bouchon plus loin: la prochaine version de Chrome (v25 beta au moment de ce billet), le navigateur de Google, prévoit de passer toutes les recherches en modé sécurisé. Comme Chrome se met à jour automatiquement, les internautes qui l’utilisent ne pourront pas choisir d’effectuer leur recherche en mode normal ou sécurisé. Mais passons sur l’acceptation utilisateur. Le fait est que Chrome va progressivement masquer tous les mots-clé de recherche. Pour vous donner une idée, sur ce blog, Chrome représente déjà 53% du (not provided) alors que le trafic de recherche naturelle avoisine les 30%. La part de vos visiteurs surfant avec Chrome depuis une recherche Google finira par produire 100% de (not provided).
Admettons. Cela dit, remettons les pendules à l’heure de façon objective :
- Rien n’oblige Google à fournir une information de referrer complète, et donc les mots-clé.
- Rien n’oblige non plus Google à révéler son algoritme d’indexation et donc à fournir toutes les clés du référencement naturel.
- Personne n’est « obligé » d’utiliser Google, d’autres moteurs de recherche existent, tels que Bing, Yahoo, Exalead, Wolfram Alpha, Duck Duck Go, et d’autres encore. Cette dernière remarque vous fait sourire? Rappelez vous la part de marché d’Altavista, Lycos et compagnie dans les années 1990.
Le problème vient du fait que tout le monde veut se servir de Google et tout le monde veut être trouvable sur Google, si possible en première position. Donc à moins que Google ne soit démantelé par le gouvernement américain pour abus de position dominante (comme il l’a fait avec Bell), le seul moyen de faire changer les habitudes des internautes est de leur montrer qu’une alternative existe. Mais quelque chose me dit que ca ne se produira pas de si tot 😉
Pour fournir un argumentaire plus juste, notez bien que Google Chrome n’est pas le seul navigateur en cause dans l’accès forcé à la recherche sécurisée chez Google : Firefox et Internet Explorer ont également ce genre de comportement. Pour Internet Explorer, on ajoutera que leur politique de gestion de la vie privée est plus qu’approximative. Pour Firefox, on mentionnera quand même que Google finance la Mozilla Foundation à hauteur de 300 millions de dollars par an pendant 3 ans : on comprendra qu’ils s’alignent sur Google.
Et là ceux qui me connaissent se disent:
Ca y est, Julien a pêté les plombs : il commence à dire du mal de Google!
Rassurez-vous, je suis encore et toujours fan indécrottable de Google 😉
En revanche, mes occupations de tous les jours font que je me dois d’être objectif par rapport à cette problématique et il me semblait bon de rappeler que, même si Google va complètement changer la donne du SEO dans les prochains mois, il vaut mieux arrêter de s’apitoyer sur nos mots-clé perdus et se préoccuper de la façon de mesurer la performance de nos sites Web quand leurs visiteurs proviennent d’une recherche naturelle.
Restons constructifs
J’ai quand même de bonnes nouvelles!
- on a des réponses partielles concernant les mots-clé manquants grâce à Webmaster Tools : les volumes ne sont pas exacts mais donnent une bonne idée de l’utilisation d’un site en terme de mots-clé.
- Dans votre outil de web analytics (Google Analytics ou un autre), vous continuerez de voir l’apport du SEO avec le combo source/support google/organic même si la proportion de (not provided) ira en grandissant.
- Vous pourrez toujours voir dans quelle position votre site ressort dans Google (modulo la recherche universelle bien sûr)
- Vous pourrez toujours voir sur quelle page vos visiteurs arrivent (modulo vos redirections mal gérées)
- Si vous avez bien fait votre travail de marquage de votre contenu, j’ai peut être de bonnes nouvelles pour vous dans mon prochain billet 😉
Et je fais quoi maintenant?
Vous l’aurez compris, la situation n’est pas désespérée. L’information est disponible mais pas de la façon dont on le souhaiterait. A moins d’une API entre Webmaster Tools et Google Analytics, point de salut et Google est pour l’instant assez évasif – à juste titre.
Au lieu de s’apitoyer, il faut plutôt :
- Se poser la question du taux de conversion généré par le trafic issu de recherches naturelles
- Optimiser votre processus de conversion
- Identifier les pages bloquantes et/ou les pages de sorties
Vous avez de meilleures idées où un commentaire constructif? Laissez-moi un commentaire!
Merci pour ce billet, je m’interrogeais effectivement face à ce % grimpant de Not Provided. Impatient de tester les solutions pour contourner ce problème. Merci pour le partage.
Le soucis, c’est que dans le cas des sites à fort trafic, l’étude des positions ou simplement Google Webmaster Tool ne suffisent pas pour réaliser des analyses SEO de qualité, (enfin à mon sens), dans ces cas il faut faire des analyses de trafic SEO et avec Google Analytics, ça reste possible avec des segments avancés et des rapports personnalisés :
Mais si la part du Not Provided continue encore et encore de grimper… L’étude des trafics SEO sur GA va devenir de plus en plus Hard Core à réaliser. Les rapports de pages de pages d’atterrissage sont une piste à creuser en effet, mais on voit quand même ici la manœuvre qui a consisté à retirer « progressivement » les data de nos Dashboard, et je trouve ça vraiment abusé.
Je reçois encore énormément de CDC avec la mention « assurance d’être dans les 3 premières places de Google ». Donc je rejoins ton avis, j’essaie de faire comprendre a mes clients que je préfère convertir un grand nombre des visiteurs depuis les outils de recherche, et donc optimiser le plus possible le chemin de conversion et les pages d’arrivées et de sortie du site. Mais 90% des clients ne sont pas au courant de ce fameux not provided, il faut déjà leur expliquer qu’ils n’ont plus l’ensemble de leur résultats dans leur outil web analytics 🙂
Pour ma part, la tendance me suffit, ainsi qu’un rapide coup d’oeil sur mes requêtes principale via un outil de positionnement. Ca nous pousse en tout cas à ne pas rester sur nos acquis 🙂
Et en parlant de défense des acquis, c’est d’autant plus frustrant quand on travaille en France 😉
De plus, les recherches issues de Firefox et sa barre sont aussi dorénavant en not provided.
On va en revenir à la bonne méthode des pages thématisées autour d’une certaine sphère de mots-clefs.
Pour mettre un plâtre sur cette jambe de bois, il est toujours possible d’installer un filtrage Google analytics (dans un profil séparé bien entendu), une règle de réécriture des not provided par le titre de la landing page.
Pas démentiel, mais donnera une bonne idée des thèmes recherchés en priorité ou générant du bon stuff, le tout dans une table de lecture SEO.
Face à cela, nous ne pouvons que nous adapter, c’est frustrant de ne plus avoir ces données, mais que faire ? S’adapter évidemment et tenter d’évaluer l’apport du SEO en faisant un mixe positions acquises/augmentation du trafic, mais nous ne pouvons plus évaluer correctement l’apport de trafic hors marque avec ce (not provided) en croissance perpétuelle.
Histoire de voir le verre à moitié plein, peut-être que ça incitera à prendre les choses au sérieux en amont.
C’est à dire qu’on contrôlant bien les leviers SEO, on sait ce qu’on vise. Ainsi, il faudra plus de maîtrise et de contrôle sur quoi et comment on le fourgue, puis laisser vivre la partie organique (LT, …).
Ceci dit, on obtient déjà un très bon aperçu d’une carte de la visibilité en proportionnel, via SEMrush ou autre.
Que penses tu de certaines rumeurs qui disent que Google pourrait créer une version d’Analytics payantes où le Not Provided disparaitrait ?
Légende urbaine, même les abonnés à la version payante Google Analytics Premium (qui coûte la bagatelle de 120.000EUR par an) ont droit au syndrôme (not provided)
C’est impossible car les raisons du « not provided » sont liées à la protection des données et la sécurité.
Oui ces rumeurs sont fausses. Soit le cryptage SSL est actif soit il ne l’est pas, la version d’Analytics ne peut rien changer à cela 😉
Beaucoup ont pour objectif le positionnement. Certes c’est très important, mais pour gagner sa vie la conversion en ventes et bien plus crucial.
Que penses tu de certaines rumeurs qui disent que Google pourrait créer une version d’Analytics payantes où le Not Provided disparaitrait ?
test
Pour le mois passé, j’ai environ 20% de « not provided ». D’ici quelques mois, je n’aurais pas plus d’idées que cela des termes utilisés pour arriver sur mon site. D’ou coup, de mon coté, j’axes plutot mon analyse sur les pages de sorties et le taux de rebond de ces memes pages, cela me donne (pour moi) les pages à retravailler car ne correspondant pas à une recherche qui à mener chez moi.
Ce n’est pas forcément le cas car une page de sortie peut également être une page d’entrée sans pour autant constituer un rebond 🙂
Merci Julien d’élargir ta vision analytics sur les gros soucis que nous nous faisons depuis l’arrivée de (not provided). En dehors d’avoir perdu 50% des mes inputs SEO et par la même occasion de nombreux outils SEO online qui ont dû revoir leur business modèle en nous revendant du réchauffé de rankings reports (c bon j’ai fait mon calimero), j’ai tout simplement transformé mes KPI et feu keyword par landing page, ce qui me permet malgré tout de garder une vue sur la performance de mes contenus et donc mes mots-clés.
Malheureusement une page vient de tourner et Google a clairement dévoilé sa position…
Au fond et comme cet article l’indique en conclusion, ce « not provided » est certainement une excellente façon d’accélérer le passage du net à l’âge adulte. On sort tout juste de l’adolescence, l’âge où à peu près n’importe qui s’imagine qu’il peut faire à peu près n’importe quoi pour obtenir à peu près tout. Les clients commencent à comprendre qu' »avoir le maximum de trafic » ou « être premier sur Google » au mieux ne signifie rien, au pire n’est qu’une illusion qui permet de se dispenser du travail de réflexion stratégique. Alors générer du trafic oui, mais du trafic qualifié et faire en sorte que le tunnel de conversion soit bien conçu (qui a dit « un long tunnel tranquille » ? 😉 )
Ce qui est interessant avec cette histoire c’est que la partie reporting va prendre de l’importance dans le métier du SEO. Fini les rapports livrés clé en main par le webanalytics :-).
Il va falloir monter en compétence sur l’analyse avec les outils a disposition, qui sont bien identifiés dans ce billet. Cette expertise va prendre du poids dans la sphere du SEO.