Dans cette interview d’éditeur de solution web analytics, Nicolas Babin prend le temps de me répondre.
Nicolas est directeur des opérations chez AT Internet, que vous connaissez aussi sous le nom de XiTi.
Présentez vous en quelques mots?
AT Internet est une société de référence en web analytics depuis 1995. Sa technologie et son indépendance lui ont permis de faire évoluer le marché du web analytics. Elle fournit, désormais en temps réel, une analyse fiable et exhaustive des sites web, intranet et mobiles. C’est l’information décisionnelle du online : online intelligence.
La robustesse et la fiabilité de notre plateforme technologique constituent une solution unique. Créateurs d’informations utiles, nous aidons l’ensemble des métiers de votre entreprise à se focaliser sur la performance.
Les données collectées et traitées sont exhaustives et gage de rentabilité. Elles offrent une vision centralisée et innovante de l’activité online pour une décision efficace à chaque niveau hiérarchique.
L’ampleur du nombre de sites audités (plus de 350.000) autorise également la mise à disposition de données de benchmark exclusives.
Parlez-nous de votre solution / suite d’outils web analytics
Avec une simplicité de mise en œuvre inégalée sur le marché, XiTi Analyzer II permet à l’ensemble des managers de l’entreprise d’analyser et d’optimiser leur performance online, à travers une interface unique.
Son interface constitue un véritable espace de travail en ligne (Digital WorkSpace). Elle permet de mesurer, comparer, grouper, segmenter et diffuser en temps réel l’ensemble des données liées à l’activité et aux objectifs de tout type de site. E-Commerce, M-Commerce, Corporate, Intranet, Media, Support, Entertainment : Analyzer d’AT Internet s’adapte à toutes les activités online.
Comment vous positionnez vous par rapport aux leaders du marché?
En termes fonctionnels pour nos outils de web analytics, nous répondons aux besoins les plus élaborés des clients les plus exigeants sur le marché. Nous proposons également des innovations originales qui différencient notre produit de la concurrence depuis des années, notamment dans le domaine de l’analyse ergonomique, de la segmentation et de l’IHM.
En termes de marché, nous sommes leader en France, et d’après la dernière Wave de Forrester, leader en Europe parmi les acteurs Européens en terme de clients. De plus, nous sommes en forte progression sur l’Europe (agences sur le Royaume Uni, l’Allemagne, l’Espagne), l’Europe étant un marché sur lequel il est difficile de se situer face à l’éclatement de l’offre. Nous avons un partenaire en Chine et sommes en phase d’installation au Japon. Les Etats Unis ne sont pas notre priorité commercialement, mais nous sommes directement présents en Amérique du Nord pour assurer le conseil et le support de nos clients internationaux..
Outil gratuit ou payant? Pourquoi?
Nous proposons les deux produits.
La solution gratuite (plus de 350 000 sites audités) reste notre socle historique et nous souhaitons conserver cette culture, à côté de notre solution haut de gamme. Elle nous offre en outre un formidable laboratoire en termes d’étude ergonomique et fonctionnelle. Elle nous permet aussi de travailler sur une offre pertinente de benchmark. Enfin, il est hors de question d’abandonner les centaines de milliers d’utilisateurs qui ont fait notre succès initial et qui ont fait la notoriété de l’entreprise à ses débuts.
La solution haut de gamme, déjà référencée par la Forrester Wave et Gartner dans son ancienne version, va laisser la place à AnalyzerNX dont la sortie est annoncée pour la rentrée. Elle est payante pour deux raisons : les équipements qui autorisent son niveau de performance et de fiabilité sont loin d’être gratuits, et les ingénieurs et experts qui développent toutes les innovations et assurent le support et le conseil, apprécient d’être payés à la fin du mois ☺.
Comment voyez vous l’apparition de Google Analytics et son évolution? Est-il vraiment un concurrent?
En premier lieu, il me semble équitable de reconnaître que Google a été un formidable vecteur d’évangélisation de marchés jusqu’alors peu matures : l’effet de vulgarisation à l’échelle planétaire aura profité à tous les acteurs du web analytics.
Son évolution vers du contenu plus qualitatif suit logiquement cette maturation, il me semble donc qu’elle aussi est bénéfique pour la profession.
La question concurrentielle appelle une réponse plus nuancée : il nous faut distinguer la concurrence de marché et la concurrence fonctionnelle.
Google Analytics peut être considéré comme solution concurrente à nos solutions XiTi Free (version gratuite) et XiTi Pro (version payante d’entrée de gamme). Nous n’avons en revanche constaté aucun impact de Google Analytics sur le marché haut de gamme des solutions telles qu’Analyzer d’AT Internet. Les exigences des clients grands comptes ne cessent de croître et l’offre de Google est très loin d’y répondre. Enfin, les questions de qualité de service et de confidentialité disqualifient automatiquement Google Analytics sur cette cible.
Quelle est votre plus grosse difficulté en tant qu’éditeur de solution de web analytics?
Gérer efficacement la croissance de l’entreprise d’une part et maîtriser la diffusion de nos innovations quasi permanentes.
De fait, parce que le rythme de ces innovations (ainsi que des améliorations) est très soutenu, nombre d’entre elles restent assez méconnues des utilisateurs. Le recrutement et la gestion des connaissances représentent sans aucun doute les chantiers les plus sensibles. Nous avons appris à équilibrer notre offre entre excellence fonctionnelle, pertinence du support, qualité de l’offre de conseil et communication sur cette offre. Nous avons pendant longtemps eu le défaut habituel des sociétés françaises : un produit excellent, mais trop peu de collaborateurs pour le vendre ou en parler. Dans un marché très neuf, le bouche à oreille a suffi à notre succès pendant plusieurs années. Sur un marché plus mature, où la compétition est internationale, il nous fallait rectifier le tir, c’est chose faite.
Après la course à la segmentation, où se trouve d’après vous le prochain « champ de bataille » pour les web analytics?
Je pense que les web analytics doivent apprendre à communiquer avec les systèmes d’information de l’entreprise. La donnée web est trop riche et trop centrale pour ne pas parfaitement communiquer avec les outils de CRM, de BI, de datamining, et bien entendu tous les autres outils webmarketing. Notre API donne aujourd’hui pleine satisfaction mais nous devons continuer à évangéliser le marché et les autres acteurs. Certains clients moteurs ont réussi des intégrations d’une grande efficacité, leurs résultats sont remarquables et ils montrent la voie !
Que pensez-vous de l’avenir des web analytics et disciplines connexes à une époque où les institutions françaises, européennes et mondiales se penchent sur des questions de vie privée?
Aujourd’hui nous attendons encore qu’on nous donne un exemple concret de nuisance issue d’un outil de web analytics. Donc nous ne voyons pas de péril à court ou moyen terme. Si la réflexion est correctement menée, cela pourra même être bénéfique.
Que deviendrait une entreprise comme la vôtre si la capture d’informations sur la visite devenait une démarche « opt-in« , c’est à dire à l’initiative de l’internaute (et non pas « opt-out » comme maintenant)?
Le scenario est peu réaliste, la visite n’étant pas en soi une donnée confidentielle.
Seules les données relatives à la vie privée (nominatives ou permettant une identification) pourraient être concernées, et c’est déjà de l’opt-in en ce qui nous concerne sur ce type de data. Nous sommes d’ailleurs parfaitement en règle avec la législation européenne sur ces questions (notamment celle de la diffusion des adresses IP), ce qui est loin d’être le cas pour une grande partie des acteurs du marché.
Cela étant, pour ne pas éviter de répondre, je dirai que nous sommes encore les plus petits (et les plus indépendants), ce qui nous donne une formidable capacité d’adaptation et de réaction. Enfin, il est important de noter que nous avons durant des années fourni des informations sur la visite et les visiteurs (à la journée) sans faire appel au cookie. Les données étaient aussi fiables qu’avec des cookies « first party ». Si la législation devait se durcir sur ces questions, nous pourrions ressortir la recette très rapidement ☺.
De plus nous avons entamé une diversification que ce soit en termes de collecte (de nouvelles méthodes seront proposées cet automne) mais également en termes de technologies (monitoring avec Observer, et une autre innovation majeure début octobre).
Où voyez-vous votre solution dans 5 ans?
Au sein d’un écosystème regroupant toutes les données décisionnelles de l’entreprise.
Votre réaction sur l’accord Microsoft/Yahoo! face à Google, son impact sur l’acquisition de trafic et donc sur les web analytics?
L’incidence sur les web analytics ne me semble pas significative… Nous nous devons de mesurer au mieux l’ensemble des sources de trafic, même si Google est tout puissant aujourd’hui.
Que manque-t’il aux outils de web analytics actuels?
D’un côté, les utilisateurs veulent plus de simplicité à l’installation et à l’interprétation, de meilleures performances, plus de fiabilité et des conseils réactifs. En bref, ils veulent accéder plus vite à des données plus faciles à interpréter. Ponctuellement, il existe bien des besoins très pointus, mais aujourd’hui les leaders du marché sont tous à peu près capables d’y répondre. Reste à savoir dans quels délais…
Mais nous constatons également l’apparition de besoins de plus en plus élaborés chez les clients les plus avancés sur le web. La qualité, l’ergonomie des sites, les problématiques de fidélisation, la mesure des nouveaux supports… exigent des efforts de R&D constants, et nous permettent d’être toujours aussi excités par notre métier !
Quels seraient selon vous les caractéristiques d’un outil web analytics de 4ème génération?
- Parfaitement ouvert (capacité d’exporter et d’importer très hétérogènes).
- Prédictif
- Comparatif
- Graphique
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Merci à Nicolas Babin pour ces réponses!
N’hésitez pas à laisser un commentaire ici pour Nicolas ou à visiter le site d’AT Internet.
A bientôt pour la prochaine interview!
Une réflexion sur « Questions à un éditeur web analytics: AT Internet »