Questions à un éditeur web analytics: Wysistat

Le premier éditeur français à se prêter au jeu de mes questions est Wysistat en la personne de Xavier de Brabois. Bonne lecture!

Présentez vous en quelques mots?

Xavier de Brabois, responsable grands comptes depuis trois ans pour la vente des solutions WYSISTAT, éditées par la société IDfr, basée à Besançon et Versailles.

Parlez-nous de votre solution / suite d’outils web analytics

WYSISTAT est une solution webanalytics qui offre des avantages indéniables pour le suivi de son audience et en particulier du e-commerce et de la vidéo.
C’est une solution qui depuis son commencement a énormément mis l’accent sur la présentation graphique des résultats, comme par exemple l’arbre redessinant l’arborescence du site et le parcours graphique des visiteurs au sein du site.
La solution se veut aussi simple à mettre en place et à paramétrer, facilitant ainsi le travail des webmestres par un marqueur simple et clair et néanmoins performant.
Wysistat se vend par briques modulaires, nos client choisissant donc en fonction de leurs besoins spécifiques les modules dont ils ont besoin, comme par exemple le module Vidéo ou le module Newsletter, évitant ainsi de payer des services qui ne leur sont pas utiles.

Wysistat se distingue en particulier sur trois points :

  • La possibilité de découper en sous-compte l’audit d’un site, et ce de façon totalement libre et infinie, tant verticalement que transversalement ! (permettant même des groupements de pages issues de plusieurs sites)
  • La présence d’un outil de suivi du positionnement (rang d’apparition du site) par mots clefs dans les moteurs de recherche
  • Possibilité de suivre son audience directement en surfant sur son site depuis le navigateur grâce à une toolbar verticale.

Le point fort de Wysistat, qui séduit le plus nos clients, est notre capacité à adapter l’outil à des besoins particuliers, à produire des graphes hyper-spécifiques, et à proposer une prestation d’analyse humaine et d’interprétation des données, présentée sur site par un expert.

Comment vous positionnez vous par rapport aux leaders du marché?

Nous sommes le 4e outil payant de France, vendu aussi en Europe et en Chine. Nous n’avons pas de prétentions à devenir les leaders. Notre solution s’adresse à des entreprises (et des administrations) qui ont des besoins spécifiques et uniques, ou qui cherchent la simplicité d’interprétation et de mise en place. Nos clients sont exigeants et fidèles, nous prenons le temps de nous occuper d’eux. Nous ne voulons pas prendre le risque de grossir au point de perdre les moyens de cette spécificité !

Outil gratuit ou payant? Pourquoi?

WYSISTAT est un outil payant, car en 2001, à l’époque où la solution a été créée, le gratuit ne paraissait pas un système viable économiquement comme il peut le paraître aujourd’hui. Un choix stratégique, et technique aussi, a été opéré pour proposer une solution de bonne facture, sans modèle gratuit – mais épuré – qui viendrait en concurrence d’autres outils déjà existants, mais sans réelle plus value. La différence WYSISTAT se serait faite sur le modèle payant de toute façon. Le gratuit ne présentait apparemment aucun intérêt dans ce cadre.
Wysistat, ce n’est pas qu’une solution web développée puis revendue. C’est une somme de services de suivis, de personnalisations, d’accompagnement du client, qui nécessite forcément un modèle payant.

Comment voyez vous l’apparition de Google Analytics et son évolution? Est-il vraiment un concurrent?

GA est arrivé en 2007 [2005, ndlr], devenant le 3e outil gratuit connu en France après Xiti et phpMyVisit. Lors de son arrivée, il n’est apparu que comme un nouvel outil gratuit aux performances limitées, qui s’adressait donc essentiellement à des webmestres de petits sites internet qui de toutes façons ne se tournaient pas vers les solutions payantes. Puis une version 2 de Google Analytics est apparue, qui corrigeait les défaut et carences du précédent. Cette nouvelle version était plus performante, et capable cette fois de concurrencer le payant.

Après quelques mois, les agences web l’ont adopté, et il est devenu soudain leur coqueluche, installé sur tous les sites que ces agences réalisaient. Certaines se sont même formées pour apporter un peu de service d’analyse et réaliser ainsi une plus-value sur l’outil. Dès lors, quoique restant dans l’univers du gratuit, GA fut exploité par des PME et des administrations, puis même par quelques grandes entreprises. L’outil continuait toutefois à contenir des lacunes et surtout, était très compliqué et lourd à mettre en place.

Aujourd’hui, GA reste très lourd à mettre en place et à exploiter, et présente des complications pour certains sites. Néanmoins l’outil est devenu vraiment bon, et a acquis, au niveau technique, un statut de concurrent digne. Evidemment, comme tout concurrent, il garde des faiblesses et WYSISTAT conserve des atouts indéniables. Néanmoins il faut aujourd’hui le considérer comme tel, et dans les étapes commerciales il nous faut le traiter réellement comme un outil concurrent, sachant qu’il dispose d’un argument de poids qui efface parfois ses défauts techniques et contre lequel nous ne pouvons pas lutter : sa gratuité ! Cela s’apparente d’ailleurs parfois à de la concurrence déloyale. Mais cela fait partie du jeu.

Quelle est votre plus grosse difficulté en tant qu’éditeur de solution de web analytics?

Faire prendre conscience aux agents web de l’importance et de la bonne utilisation des statistiques. Les solutions sont souvent utilisées comme un simple point de contrôle et créateur de chiffres pour remplir des tableaux de bords sous la contrainte, réclamés par des services administratifs ou de communication qui ne vont pas vraiment analyser les données. Souvent, il nous semble que nous produisons des outils ultra performants dont seuls 2% des capacités sont exploitées.

Nous essayons de sensibiliser nos clients (et nos prospects aussi) à l’importance du webanalytics comme outil de pilotage d’un site web. Mais seuls quelques « experts » partagent cette vue. Trop souvent, les rapports reçus par mail sont les seuls point de contact entre la solution et le client ! Cela peut décourager les développements toujours plus pointus et innovants que nous tentons. Pour beaucoup d’utilisateurs, seul le mail est utilisé. C’est à dire, des données exportées ! Rien de très folichon, quoique nous soignions beaucoup ces présentations.

Après la course à la segmentation, où se trouve d’après vous le prochain « champ de bataille » pour les web analytics?

La course à la segmentation est loin d’être terminée, si on inclut dedans la course à la qualification de l’internaute. En tout cas l’enjeu reste profondément celui-ci : savoir QUI vient visiter les pages, et pouvoir le recontacter ensuite. Cela restera probablement impossible sans un effort de sa part pour se laisser toucher (installer un outil, remplir un questionnaire,…). Nous nous intéressons d’ailleurs à ce mode de récolte d’information, qui ne pourra être que complémentaire d’un outil webanalytic exhaustif.

A plus long terme, on peut penser qu’un champ de bataille à venir sera justement de changer des habitudes des utilisateurs et de leur donner envie de lire les données analytiques comme un outil de décision. Il faudra peut-être inventer de nouvelles présentations, voire de nouveaux moyens de transmettre l’information.

Que pensez-vous de l’avenir des web analytics et disciplines connexes à une époque où les institutions françaises, européennes et mondiales se penchent sur des questions de vie privée?

Les questions de vie privée ne touchent pas et ne toucheront pas la récolte de données anonymes purement quantitatives. Ce point ne gênera que les innovations en matière de qualification des visiteurs, pas de quantification. Pour l’heure, ce point ne semble pas devoir poser de problème à notre métier.

Que deviendrait une entreprise comme la vôtre si la capture d’informations sur la visite devenait une démarche « opt-in« , c’est à dire à l’initiative de l’internaute (et non pas « opt-out » comme maintenant)?

Cela ne pourrait dans tous les cas que toucher certaines données, et non pas toutes. Dans la mesure où toutes les solutions en seraient au même régime, cela nous forcerait toutes à trouver de nouveaux moyens pour récolter des informations, et relancerait donc chez nous tous de la recherche et développement. Les données de bases resteront récoltées et nécessaires à nos clients. ils n’auront pas mieux où aller, et attendront donc comme nous que de nouvelles solutions soient trouvées.

Mais je ne pense pas que nous atteignions un point qui perturbe beaucoup le webanalytics quantitatif actuel.

Si vous deviez recommander un concurrent, lequel aurait votre recommandation? (pas de réponse « ca dépend » ou « aucun » 😉 )

Aujourd’hui c’est clair, l’un des meilleurs outils reste Omniture. C’est aussi le plus cher. Wysistat garde des atouts par rapport à ce concurrent, qui pèche notamment en terme d’accompagnement, ce qui nous permet de remporter des affaires face à eux, mais il est vrai que c’est une excellente solution technique, pour qui en a les moyens.

Où voyez-vous votre solution dans 5 ans?

5 ans, c’est une génération internet. Difficile de dire ce que l’internet sera devenu dans 5 ans : nouveaux usages, nouvelles technologies, nouveaux publics. Nous évoluerons comme l’Internet l’exige, et comme nos clients nous le demandent (ou le plus proche possible). Dans 5 ans, la solution ne ressemblera pas du tout à la solution actuelle, cela est la seule certitude !

On a vu beaucoup de rachats dans ce milieu: Omniture rachète Visual Sciences, Microsoft rachète Gatineau, Yahoo! rachète IndexTools… Qui est le prochain à votre avis?

Google qui rachète Microsoft… Puis on rachètera Google !
Non, sérieusement, je n’ai pas assez de visibilité sur ce sujet. Mais la guerre fait rage aux USA.

Votre réaction sur l’accord Microsoft/Yahoo! face à Google, son impact sur l’acquisition de trafic et donc sur les web analytics?

La question est trop fraiche, je ne perçois pas encore d’impact sur le webanalytics. La question concerne plutôt l’achat d’espaces publicitaires, le référencement, et la récolte d’information pour Microsoft. Google reste en avance sur ce point avec son Google Analytics qui doit lui servir à traquer précisément tous les internautes. De ce point de vue là, cet accord ne présente a priori aucune nouveauté.

Que manque t’il aux outils de web analytics actuels?

De l’interprétation et des conclusions pertinentes. Et toujours la possibilité d’identifier les internautes, mais ça c’est de la science fiction.

Quels seraient selon vous les caractéristiques d’un outil web analytics de 4ème génération?

Secret défense 🙂

***

Un tout grand merci à Xavier de Brabois pour ces réponses!

N’hésitez pas à laisser un commentaire ici pour Xavier ou à visiter le site de Wysistat.

A bientôt pour la prochaine interview!

Auteur/autrice : Julien Coquet

Expert de la mesure d’audience sur Internet depuis plus de 15 ans, Julien Coquet est consultant senior digital analytics et responsable produit et évangélisation pour Hub’Scan, une solution d’assurance qualité du marquage analytics. > A propos de Julien Coquet

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